Décolonisation
Il n’y a rien qui tienne devant la volonté d’un peuple.
Rien ne se fait tout seul dans l’histoire, et on n’a jamais résolu de problèmes en évitant de les poser.
-André D’Allemagne
Le colonialisme n’est pas un phénomène nouveau mais la forme actuelle d’un phénomène vieux comme le monde, vieux comme les peuples : celui de la domination d’une société sur une autre.
Cet impérialisme ne visait pas à détruire les structures ni les particularités du peuple conquis. D’ailleurs, cela n’était pas nécessaire. Le vainqueur laissait à ses nouveaux sujets leurs « us et coutumes », leur langue, leurs institutions sociales et religieuses et, dans une large mesure, leur gouvernement, c’est-à-dire l’autorité établie, en se contentant d’instituer, au-dessus des structure indigènes, la superstructure de l’autorité impériale protégée par la puissance des armes.
La puissance militaire, cependant, ne suffit plus devant l’évolution de l’opinion publique, la formation des solidarités internationales, et l’importance croissante des pouvoirs économiques par rapport aux pouvoirs politiques.
Il s’ensuit que la domination doit changer de formes et tenter de se « justifier ». Elle devient alors globale.
En devenant global, l’impérialisme a donné naissance au colonialisme. La simple occupation par la force a cédé la place à un conditionnement psychologique. Le peuple colonisé a perdu tout ressort. Son histoire s’est éteinte. Il existe désormais en marge du monde; sa pénible « survivance » n’est qu’un à-côté de la vie du colonisateur. Le colonialisme est un génocide qui n’en finit plus.
Le régime colonial se donne un air respectable, voir « généreux », en reconnaissant certains « droits » et en octroyant certains « bienfaits » matériels au peuple dominés. Au besoin, il accorde aux colonisés une nationalité factice : celle du colonisateur, ou il supprime les colonies pour en forger des pays artificiels : Congo, Malaysia, Canada, Rhodésie.
Le peuple dominateur s’efforce de masquer la tutelle qu’il exerce sur sa colonie […]. Le régime imposé se présente donc en façade, comme relativement démocratique, à tout le moins libéral, et accepté par la population. Pour ce faire, le régime a besoin de la collaboration active d’une élite colonisée qu’il fabrique ou qu’il puise dans les élites traditionnelles. [Celle-ci deviendra progressivement une force colonialiste.]
Le colonialisme, au Québec comme ailleurs, mais plus encore qu’ailleurs, est avant tout un phénomène psychologique. Pour des raisons d’intérêt ou de conditionnement, ce sont donc des Québécois qui maintiennent le régime colonial. Ce sont eux qui se font les plus irréductibles ennemis de l’essor et de la libération de leur peuple.
Devant la répétition d’injustices historiques qui semblaient être devenues normales, le québécois devient sympathisant indépendantiste. La réaction, d’abord, est surtout émotive, mais la propagande indépendantiste, qui se fait de bouche à oreille autant que par les moyens officiels, transforme cette indignation chronique en un engagement plus positif.
Le colonisé prend alors conscience du caractère global de sa situation et en entrevoit l’unique solution. Il ne revendique plus, il ne s’indigne plus, il ne s’étonne plus : il comprend et il lutte.
Sur le plan psychologique, pour lui la décolonisation est faite. Du moins elle est commencée, car il lui sera longtemps difficile de se débarrasser de ses anciens réflexes.
Il faut comprendre que la lutte pour la décolonisation provoque chez ceux qui s’y engagent de profonds conflits intérieurs que seule peut apaiser une difficile sérénité. L’indépendantiste militant doit se faire à l’idée de vivre dans l’attente du « prochain épisode » tout en le préparant.
La lutte de décolonisation, au Québec, c’est donc avant tout un conflit interne d’une société.
La lutte est donc devenue permanente. Elle s’est stabilisée. Elle ne peut s’achever que par l’effondrement du régime ou la disparition des forces de décolonisation. Il est encore trop tôt pour que la première solution soit immédiate, trop tard pour que la seconde soit plausible.
Né d’un sentiment instinctif de révolte devant la situation coloniale, le mouvement indépendantiste a rapidement compris la nécessité de dépasser cette situation et de se définir sur les plans social et économique. Il lui faudra pénétrer les problèmes concrets de la population, aux échelons local et régional, de façon à amener la population à découvrir d’elle-même que la solution de ses problèmes postule la suppression du régime colonial.
—– première épiphanie de l’annonceur —-
L’aspiration à l’indépendance, c’est-à-dire à la liberté collective, est une constante de l’histoire de la nation canadienne-française, mais ressentie sourdement et obscurément par la population, cette aspiration n’a été pendant longtemps formulée que par des penseurs isolés ou des groupuscules hors de contact avec le peuple.
À quelques occasions, cependant, l’indépendantisme québécois a trouvé des échos populaires : lors de l’insurrection de 1837, durant la Première Guerre Mondiale et dans les années qui ont précédé la seconde. Dans tous ces cas, cependant, le mouvement nationaliste canadien-français a été amené à l’indépendance qu’il considérait non pas comme un objectif fondamental mais comme un ultime recours.
Il faut attendre 1960 pour que l’aspiration indépendantiste, avec la formation du Rassemblement pour l’indépendance nationale, prenne une forme précise, incarnée et permanente.
Ce qui fait la force de ce mouvement c’est qu’il ne représente plus un élément de revendication face au colonisateur, mais une puissance politique interne qui traduit un sentiment profond d’association entre le peuple canadien-français et le territoire québécois.
—– deuxième épiphanie de l’annonceur —-
Il y a tout d’abord l’appartenance : l’identification à des sociétés et à des territoires différents. Pour le fédéraliste, le « pays » c’est encore le Canada « coast-to-coast ». Pour le nationaliste, la seule patrie est le Québec. C’est toute la différence entre le mythe et la réalité.
[L’indépendantiste] ne pense plus en fonction d’une équation Canada-français–Canada-anglais, mais Québec-monde. Pour chercher une solution à ses problèmes, il ne s’inspire plus exclusivement des États-Unis, mais de ce qui se passe à travers le monde. Bref, sa pensée débouche sur l’universel.
—– troisième épiphanie de l’annonceur —-
Il n’y a donc au Québec, en pratique, que deux vastes partis : les colonialistes esclaves du passé et les nationalistes authentiques, forces de la libération et de l’avenir. Entre les deux, un gouffre qu’aucune pensée ne peut franchir.
Face à un régime qui se sclérose mais qui demeure fort, une opposition idéologique [doit] se défini[r], elle aussi, et se stabilise[r]. Cette opposition [sera] la seule authentique, car l’opposition officielle fait partie du régime.
Lorsque la population dans son ensemble sera assez politisée pour accorder un appui massif à l’opposition idéologique, il ne semble pas utopique de penser qu’étant donné les structures politiques du Québec, l’opposition pourra renverser le régime par des moyens légaux.
La dépossession économique est une situation dont un peuple ne peut espérer sortir sans une libération globale, une décolonisation générale. La position, privilégiée au départ, des milieux canadiens-anglais (transmise depuis d’une génération à l’autre), l’absence d’une bourgeoisie nationale, la carence de l’État provincial à intervenir dans le domaine économique et par la suite son impuissance à planifier l’économie, l’inféodation des partis politiques à la haute finance étrangère, la ponction faite au capital national par les impôts fédéraux, ont fait que l’économie québécoise a toujours été organisée et exploitée par l’étranger, en fonction d’intérêts étrangers et souvent à l’encontre de ceux du pays.
C’est ainsi que les fédéralistes canadiens-français exploitent les réflexes de la peurs du colonisé avec des thèmes que souvent les élites canadiennes-anglaises n’osent même pas utiliser. L’indépendance, selon les colonialistes québécois, entraînerait des représailles économiques, voire militaires, de la part du Canada anglais. Elle aboutirait à un régime totalitaire, communiste ou fasciste selon la fantaisie propagandiste. Elle provoquerait l’anarchie et le désastre à cause de l’incompétence atavique des Canadien français. N’ayant pas d’arguments à opposer au mouvement de libération, les colonialistes se réfugient en somme dans le terrorisme intellectuel.
Le colonisé prend alors conscience du caractère global de sa situation et en entrevoit l’unique solution. Il ne revendique plus, il ne s’indigne plus, il ne s’étonne plus : il comprend et il lutte.
Sur le plan psychologique, pour lui la décolonisation est faite.
La lutte de décolonisation, au Québec, c’est donc avant tout un conflit interne d’une société.
Crédits
Date de sortie : non publique
Phil Bourg
Producteur, compositeur, wurlitzer, pedal board, séquences midis, plugins
Samuel Wagner
Réalisateur, voix de synthèse, chorales, laptop, plugins, édition, pré-mixage
David Boulet-Tremblay
Guitar hero, guitare rythmique, lead guitar, mixage, sampling
Pierre Alexandre
Basse électrique
Olivier Laroche
Batterie
David Parker
Sax hero
Gabriel Szabo
Annonceur télé
Sous la direction artistique de Phil Bourg, Samuel Wagner, Pierre Alexandre, Sophie Boonen et Natalie Tremblay. Tous les arrangements sont de Phil Bourg et Les Brutes.
Extrait entièrement enregistré à Québec, Québec, Québec. Basics enregistrés Live par Phil Bourg et Les Brutes au Alibabear Studio (juillet 2019). Préproduction, guitares, saxophones, voix, édition, pré-mix et autres bidouillages au J.C. Ricard sur la rue Saint-Vallier (janvier 2019 à avril 2020). Mixage à la régie de personnelle de David Boulet-Tremblay (avril à juin 2020). Matriçage par Richard Addison au studio Trillium (juillet 2020).
Crédit portrait : Sophie Boonen
Montage : Phil Bourg et Natalie Tremblay
Photo originale à l’arrière plan : Photo prise par Phil Bourg à Wuhan le 13 mars 2018, lors d’un voyage d’affaires
Cet album a été produit en grande partie sans aide étatique ou caritative. Il est plutôt le produit du sacrifice capitaliste de Phil Bourg. Phil Bourg tient à rappeler que le Québec envoie plus de 50 milliards par année à Ottawa et que les subventions du Canada sont financées par les contribuables québécois. Phil Bourg vous invite à méditer sur le nation building canadien, celui-ci n’Est pas banale et est la conséquence directe de ne pas exister légalement en temps en nation.
Ce projet a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada.
Je remercie tous ceux qui militent pour une plus grande affirmation des différences, une plus grande justice fiscale, un meilleur aménagement et respect de notre territoire et un humanisme inclusif. Je remercie ceux qui résistent au cynisme, qui combattent la désinformation, qui s’informent et éclairent plutôt que de critiquer sans action. Je remercie avant tout ceux qui militent pour l’indépendance du Québec. Sans vous, cet album n’aurait pas existé. Fermez les prisons. Refusez que la pauvreté existe. Décentralisez le Québec. Fermez votre compte Facebook. Vive la liberté, vive l’indépendance. La vraie richesse, c’est la différence.