Web – ecoutedonc.ca – 9 juillet 2021
Radio – CKRL – Premières Loges – 9 juillet 2021
Web et journaux – Le Droit, Le Soleil – 28 juin 2021
Dans ce métier (journaliste culturel), on rencontre toute sorte d’artistes. Et de temps en temps, assez rarement, on rencontre un « énergumène ».
Quelqu’un dont la personnalité semble si intense et le souffle créatif si fort qu’on se rend vite compte que le disque, le roman ou le tableau dont il ou elle vient nous parler n’est qu’une minuscule bouchée d’un iceberg artistique. Et qu’on aura beau tirer sur quelques fils, durant une jasette à bâtons rompus, on sait d’avance que ce sera difficile de rendre justice à leur colossale tapisserie en la résumant à une poignée de paragraphes.
On eut ce sentiment en découvrant Pierre Lapointe et Klô Pelgag, à leurs débuts, ou encore Karl Gagnon (violett PI), Mehdi Cayenne et Marjolaine Beauchamp ; on écrit donc cela nourrit d’un immense respect pour lesdits énergumènes.
Cette semaine, c’est un auteur-compositeur-interprète quasi inconnu, Phil Bourg, qui nous a fait cet effet.
D’abord, en faisant paraître un album-ovni aux sonorités rock-punk-indé abrasives (dans la famille de Karkwa, Malajube ou Galaxie, et la filiation de Radiohead, Nine Inch Nails et Primus) noyées de Wurlitzer et de « pedal boards », au titre binaire si tarabiscoté (01001001 01000011 01001001) qu’on ne s’aventurera pas «ici» à le citer de mémoire, et aux propos poético-politiques incendiaires.
Un ovni militant, à haute densité contestataire, aux antipodes des discours lisses et des contingences commerciales.
Idem en entrevue, le bonhomme Bourg, ingénieur informatique de formation, utopiste dans l’âme et citoyen « horripilé » avec qui on a essayé de discuter de musique au détour d’une conversation passant du coq-à-l’âne, multipliant les digressions socio-économiques et autres parenthèses sur l’achat local et la marchandisation du monde (les « zombis du consumérisme ironique », dans sa bouche), le devoir de mémoire et l’archivage numérique du patrimoine culturel québécois (lequel devrait être selon lui gratuit et centralisé) et les pièges du « maintenantisme » (sa définition du plus récent avatar de « l’individualisme »), la rupture démocratique que pourrait provoquer l’ethereum 2.0 (cette cryptomonnaie reposant sur des principes philosophiques décentralisateurs, voire révolutionnaires) sur le système bancaire et politique, etc.
Au détour, il a partagé quelques vanités artistiques, ses rêves de voir fleurir un réseau de transport électrifié à Québec et son envie de pourfendre « les canards » du néolibéralisme et les défenseurs du « réalisme » capitaliste, dogme qu’il estime évidemment des plus pernicieux.
Ses termes.
Bref, un artiste féru de théories macroéconomiques, pétri de connaissances, de convictions et d’utopies. Du genre à regretter la disparition de « l’humanisme inclusif qui faisait les beaux jours de la gauche » et à vomir les réseaux sociaux, qui, « tels qu’ils sont en ce moment, encouragent la haine et l’intimidation ».
Mais pas Juste — le titre de son plus récent extrait — un rêveur.Phil BourgSOPHIE BOONEN
Ennemi du cynisme
Sa démarche contestataire se veut terre-à-terre : « je ne dénonce rien si je n’ai pas l’impression d’avoir deux ou trois pistes de solutions concrètes à proposer en même temps », fait valoir Phil Bourg, qui se fait au contraire un devoir de « résister au cynisme ».
« L’adversaire, ce n’est pas le capitalisme : c’est le nihilisme. Les gens YOLO. Le cynisme » du ‘après moi, le déluge’…
Il a d’ailleurs un peu touché à l’action politique, dans le passé. À l’époque des carrés rouges, précise-t-il, du bout des lèvres.
Nébuleux, comme présentation ?
Tant mieux ! C’est rendre justice à Phil Bourg qui, sans être insondable, s’amuse à ne présenter que la pointe de son iceberg.
Joueur, il cultive le mystère — peut-être pour mieux cacher ses vieilles « anxiétés ».
On ne parle pas juste de la densité de ses textes, où se télescopent les spasmes de la poésie et la Main invisible d’Adam Smith, ni de ses chansons qui durent plus de six minutes, et qui lui paraissent pourtant courtes parce qu’elles en firent 20 avant que ses camarades bien avisés ne lui suggèrent de revenir à la raison et de s’adapter un peu aux formats radio. (Vous devinerez aisément ce qu’il en pense, des formats radio et autres diktats contemporains ? Effectivement, pas grand-chose qui soit publiable ici.)
« J’aimerais vivre sans compromis, mais j’en fais sans arrêt, je trouve », lance Bourg.
C’est le genre de gars à avoir assez de tripes dans le moteur créatif pour faire exprès d’envoyer un communiqué de presse faussement pas fini, et arborant, en rouge vif, les échanges et commentaires entre son agent de comm’ et lui-même destinés à policer le document.
Le genre à monter sur scène le visage barbouillé de maquillage évoquant un guérillero. « Non, c’est juste du maquillage anti-reconnaissance faciale », nous corrige le cryptochanteur.
Contenu caché
Le genre à publier un Petit manifeste à l’usage des médias sur son site Internet.
Aussi imposant qu’un ‘iceBourg’, son site ne révèle d’emblée qu’un infime pourcentage de son contenu — « Seulement 5 % est visible, mais il y a 150 pages. Il y a même un jeu d’évasion que j’ai créé. » Pour accéder à ces pages ‘cachées’, le visiteur doit cliquer sur les hyperliens de la myriade de ‘notes de bas de page’. « On me dit : « Phil, t’es fou ! Personne ne voit ça. Mais je m’en fous parce que c’est une œuvre que je bâtis sur le long terme. »
Pas un hurluberlu, ce Phil Bourg : son œuvre, quoique dense et chahuteuse, est intelligible, et mélodiquement séduisante.
Mais comment résumer un artiste pareil, qui s’enfouit sous un épais vernis de couches à gratter et à creuser, tout en espérant contribuer à la «remise en question» collective ?
Avec le mot énergumène, tiens !
En essayant de donner au lecteur l’envie de creuser.
Et en lui laissant le mot de la fin : «J’ai un message qui peut avoir l’air abrasif, mais c’est important que l’image que je montre [notamment sur] la pochette du disque, sorte de portrait bourgeois qu’on mettrait au-dessus d’une cheminée, [soit propre et] mette en lumière mon idéal — qui est de mettre le monde et l’art en beauté.»
Phil Bourg ou Phil Bourque?
Phil Bourg, c’est le nouvel avatar du pianiste Phil Bourque, amateur de sculpture, de peinture et de danse, qui a ‘sévi’ au sein de plusieurs formations rock ou chansonnières québécoises et qui est l’une des têtes pensantes de deux initiatives vouées au rayonnement de la scène rock indé : Poulet Neige et, plus récemment, Quaribou, une agence de spectacles, étiquettes de disque et futur lieu d’accueil pour résidences artistiques qu’il a ouverte sur l’île d’Orléans afin de valoriser « l’art dit ‘intellectuel’ et les artistes autogérés qui ne trouvent pas leur place au Québec en ce moment».
D’origine acadienne, il dit descendre de la lignée des Bourque, qui décidèrent de changer leur nom de famille pour Bourg afin d’éviter l’opprobre et les sanctions après que le petit-fils du patriarche Bourque, trublion subversif en son temps, eût fondé une milice pour tenter de bouter les anglais hors de la péninsule. L’aïeul s’est rapidement fait punir pour avoir résisté à l’autorité. Depuis qu’il a appris cette anecdote généalogique, Phil Bourque s’est mis en tête de reprendre le patronyme de cet ancêtre subversif.
Renseignements : philbourg.com
Journaux – Autour de l’Île – juin 2021
http://autourdelile.com/wp-content/uploads/2021/06/Journal-ADI-Juin-2021-v3-WEB.pdf
Radio – CJSW – 14 juin 2021
https://cjsw.com/program/french-transe-en-danse/episode/20210614/
Web – Écoutedonc.ca – 10 juin 2021
Web – Le Canal Auditif – 10 juin 2021
https://lecanalauditif.ca/critiques/phil-bourg-01001001-01000011-01001001-ici/
Radio – CFAK – Le Touski – 31 mai 2021
Écoute intégrale – ICI Musique Ohdio – 28 mai 2021
https://musique.qub.ca/article/les-jours-sombres-de-phil-bourg-est-devoile-1039774715
Radio – CHYZ – Chérie j’arrive – 27 mai 2021
Radio – CKVL – Je suis Charlie – 27 mai 2021
Fichier audio manquant
Télévision – La Télévision d’ICI – 20 mai 2021
Web – Baron Mag – 7 mai 2021
Il faut payer pour lire l’article. Je vais attendre un peu, mais je mettrai en ligne l’article à un moment donné, quand Baron Mag aura oublié que cet article existe 😉
Web – Tabarnak! – 3 mai 2021
http://tabarnak.be/news/10-sorties-a-ne-pas-manquer-en-mai-2021-321
Phil Bourg – 01001001 01000011 01001001 – 28 mai 2021
Originaire de Saint-François-de-l’Île-d’Orléans, Phil Bourg a passé 10 années à travailler dans l’ombre de la liste de Noël de Poulet Neige et a participé à la 25e édition des Francouvertes.
Accompagné du groupe Les Brutes – composé de la section rythmique de Fuudge (Pierre Alexandre et Olivier Laroche) et de la section mélodique de feu-Harfang (David Boulet-Tremblay) – Phil Bourg fera paraître son premier album le 28 mai. Deux extraits ont déjà été dévoilés : Juste et Les jours sombres.